Les maux du séant
Kyste sébacé
Kyste sudoral
Furoncles
Furonculose
Anthrax
Hypodermite fibreuse
Hygroma
Bursite ischiatique
Compression du nerf honteux interne
Causes et remèdes

La région périnéale, au contact de ce siège apparemment peu confortable qu'est la selle va être soumis à trois types d'agression :
les frottements
les compressions
les microtraumatismes liés aux irrégularités de la chaussée (pavés, rails, nids de poule etc...).
 
Cette première atteinte cutanée, qu'est le simple échauffement cède rapidement à des mesures de propreté, à des pommades calmantes et, surtout, à l'espacement des entraînements, tout au moins au début de la reprise. Les autres affections cutanées sont plus gênantes.
 
Kyste sébacé
C'est un kyste dit mécanique car provoqué par l'oblitération, pour une cause variable, du conduit excréteur de la glande du même nom.
C'est une tumeur bénigne du tissu cellulaire sous-cutané, pouvant atteindre la grosseur d'un oeuf de poule et due à l'accumulation de sébum. La formation kystique devient « gênante » lorsqu'elle atteint la taille d'une amande. A ce moment-là, il suffit d'inciser la paroi et d'évacuer le contenu « comme un noyau de prune ».
 
Kyste sudoral
Affection similaire au kyste sébacé mais concernant une glande sudoripare, dont le canal excréteur a été obstrué par le contact prolongé de la selle. Cette « tumeur » étant susceptible de se surinfecter par le staphylocoque, il ne faut pas la confondre avec un furoncle. L'évolution est assez souvent récidivante et chronique et le seul traitement vraiment efficace est le « curage » chirurgical sous-cutané.
 
Furoncles
Petit abcès
isolé sous la peau, qui survient à la suite de l'infection d'un follicule pileux par le staphylocoque doré. L'évacuation naturelle du furoncle laisse une crevasse qui donnera lieu à une petite cicatrice. L'apparition de cette lésion généralement bénigne traduit un état d'irritation intense et prolongé de la peau au contact de la selle. Il peut, aussi, révéler un abus de glucides, surtout en dehors de l'effort. Enfin, cette affection du follicule pileux peut témoigner d'une faiblesse particulière du revêtement cutané face à l'agression du staphylocoque.
 
Furonculose
Un problème plus difficile est celui des furoncles récidivants, qu'il s'agisse d'une crise de furonculose avec
plusieurs furoncles se développant en même temps ou d'apparition successive de furoncles. Il convient, d'abord, dans ces cas, de rechercher et de traiter une cause générale favorisante éventuelle : un diabète, un déficit en défenses naturelles, un surmenage. Ainsi, si la cause de l'éruption est connue (diabète ou surmenage), on s'y attaquera directement. On complètera ce traitement par des règles hygiénodiététiques.
Le traitement local sera le même que pour le furoncle isolé. Tout d'abord, il faudra éviter toute manoeuvre intempestive (incision précoce, pressions excessives), les soins trop fréquents, le grattage, les pansements imperméables et la macération. Le traitement antiseptique local doit être très soigneux avec eau et savon de Marseille, ou savon liquide antiseptique, suivi, après séchage, d'une application de Bétadine.
 
Anthrax
Lésion de la peau provoquée comme pour le furoncle par le staphylocoque doré. Ici, l'infection touche un très grand nombre de follicules pileux, ce qui provoque une lésion plus profonde, plus étendue et plus grave que pour le furoncle. Les petits abcès ainsi formés ont tendance à se grouper et à envahir, en les détruisant les couches les plus profondes de la peau . L'anthrax se présente comme une grosseur plus ou moins volumineuse, dure, rouge, luisante et chaude qui se déchire au bout de quelques jours. Cette tuméfaction suintante se perce de petits trous par lesquels sort un pus jaunâtre mêlé de sang. Il arrive, parfois, que l'anthrax s'accompagne de frissons, de fièvre et de douleurs très vives. Dans ce cas, seule l'incision, en milieu chirurgical, peut stopper l'aggravation.
 
Hypodermite fibreuse
Les amateurs de très longues randonnées, comme les cyclotouristes professionnels, restent plusieurs heures sur une selle de bicyclette. Ce « contact » prolongé favorise les échauffements, les irritations par friction, frottements et microtraurnatismes aux points de contact entre la selle en cuir ou en plastique dur sur le périnée non adapté naturellement à cette « agression » permanente. En dehors du kyste sébacé, du furoncle et de l'anthrax, il est possible de rencontrer d'autres lésions :
> soit un oedème dur assez étendu englobant bourse et périnée,
> soit un oedème beaucoup plus volumineux prenant un aspect de tumeur et ressemblant à une troisième bourse (voir hygrorna).
Ces atteintes sont en rapport avec une inflammation du tissu sous-cutané appelée hypodermite fibreuse.

Hygroma
C'est l'inflammation d'une bourse séreuse, accompagnée systématiquement d'une accumulation de liquide.
La bourse séreuse est une poche jouant le rôle de coussinet pneumatique. Elle sécrète intérieurement un liquide onctueux. Cet « amortisseur » se rencontre partout ou il y a frottement ou glissement d'organes l'un sur l'autre. L'hygroma, en dehors du périnée, se rencontre surtout aux genoux et résulte d'agenouillements prolongés et fréquents comme chez les carreleurs. Les haltérophiles sollicitant régulièrement l'insertion de leurs triceps sur le coude peuvent développer un hygroma qui peut être, parfois, gênant mais, habituellement peu douloureux.
En dehors de l'hygroma se constituant à partir d'une bourse séreuse préexistante (genou, coude, talon, etc.) il arrive que certaines régions de l'organisme subissant de nombreux traumatismes « fabriquent» une bourse séreuse ou, plus exactement un kyste fibreux. Celui-ci peut s'enflammer et développer un hygroma.
Les microtraumatismes répétés pendant des jours et des jours entre le bec de selle et le périnée, notamment chez les coureurs professionels, favorisent l'apparition d'une « boule » qui peut atteindre la taille d'un testicule; d'ou le nom de troisième testicule de STAYER.
Bursite ischiatique
Il existe une localisation particulière d'une bourse séreuse qui se situe entre la tubérosité ischiatique et les muscles fessiers.
Celle-ci peut s'enflammer chez les professionnels assis sur un plan dur en dehors du cyclisme.
Le traitement associe le repos à infiltrations de produits cortisoniques, avec eventuellement le recours à la chirurgie en cas d'echec
 
Compression du nerf honteux interne
La selle est l'un des trois points d'appui du cycliste sur sa machine ; les deux autres étant les mains sur le guidon et les pieds sur les pédales.
> En dehors de la position dite en danseuse, le point d'appui le plus fixe concerne le bassin encastré sur la selle. Afin que ce point d'appui soit aussi fixe que possible (meilleure efficacité du pédalage), les selles de course sont rigides. Il n'y a, ainsi, aucune perte de force.
> Mais la couche superficielle du périnée se trouve, alors, prise au niveau de l'ischion (os sur lequel on repose sur la selle), entre deux surfaces absolument rigides et cette compression, à la longue, peut entraîner un écrasement du nerf honteux interne responsable de différents symptômes au niveau de l'appareil génital.
> Les manifestations les plus surprenantes ont été une insensibilité de la verge et une fuite urinaire après plusieurs centaines de kilomètres à vélo.
Les examens ont montré qu'il s'agissait d'une compression du nerf honteux interne dans le canal honteux, en raison d'un appui intempestif sur le bec de selle trop relevé ou, à l'inverse, trop incliné vers le bas.
> En effet dans les deux cas, cédant sous le poids du corps, le périnée est refoulé et le nerf honteux interne qui l'innerve se trouve comprimé par les bords de la selle contre la face interne de l'ischion. En dehors de l'appui périnée-selle, le nerf honteux n'est jamais agressé par l'ensemble des sièges de la vie courante (voiture, fauteuil, etc ... ).
> La « sensation » la plus fréquente, liée à un mauvais appui, peut être une anesthésie transitoire des organes génitaux masculins. Cette anesthésie semble favorisée par le froid, par la position dite en bec de selle et par la tenue hivernale (cuissard plus survêtement) augmentant la surface de pression et, par conséquent, les risques de compression du nerf honteux.
> Ainsi, ce syndrome disparaît spontanément en quelques semaines si, bien sûr, l'on corrige l'orientation de la selle. Il faut veiller à avoir une selle parfaitement horizontale ou très légèrement inclinée vers l'arrière.
L'appui des ischion sur la selle Radiographie du bassin de face
  L'appui des tubérosités ischiatiques sur la selle (+ radio)
 
Anatomie du nerf honteux interne
  Anatomie du nerf honteux interne
 
Causes et remèdes

> SELLE
Le contact selle-périnée est donc fortement sollicité, d'autant plus que la selle est :
- étroite - dure (selles plastiques)
- trop haute (le sujet tourne autour de la selle)
- creusée à l'emplacement des ischions (plus les surfaces d'appui seront déprimées, plus le périnée sera ecrasé
- relevée du bec. La selle doit être horizontale. Il est conseillé d'utiliser un niveau à bulle d'air pour faire ce réglage.
Une selle bien rembourrée est un mirage: de la même manière qu'il est recommandé de glisser une planche sous le matelas pour détendre la musculature vertébrale durant le repos, il est souhaitable d'avoir une selle type course, ferme mais souple qui n'en
traîne pas une fatigue douloureuse des fessiers, au contraire des selles « pullmann ». D'autre part, l'assiette sera plus ou moins large suivant le sexe.

Position
a) En bec de selle le point de pression selle-peau est très réduit. Cette position est adoptée pour monter les côtes, le cycliste se portant en avant sur la selle afin d'augmenter la puissance de son coup de pédale. Il en va de même lorsque le cycliste s'échappe, prend en chasse un adversaire ou lorsqu'il tente de revenir dans le peloton après un incident mécanique (crevaison, bris de matériel, etc ... )

b) En danseuse, dans les côtes, pour améliorer sa puissance, le coureur utilise le poids de son corps. Il se soulève, alors, de la selle et adopte la position dite « en danseuse ». Lorsque la côte est terminée, ou la pente nettement adoucie, il se laisse retomber assez brutalement sur le bec de selle, surtout si le train est rapide.

> PNEUMATIQUES
Normalement ce n'est pas la selle qui doit amortir les chocs subis par la bicyclette, mais bien les pneumatiques et l'articulation du coude. C'est pourquoi, chez le débutant, au périnée insuffisamment rôdé, il est conseillé d'utiliser des pneus dont la section est plus large que les boyaux et la pression de gonflage moins importante (un gonflage excessif durcit la suspension). Les néophytes, par manque d'habitude, ont une position trop rigide qui leur fait ressentir beaucoup plus les chocs.

> ANOMALIES MORPHOLOGIQUES
a) Jambe plus courte
La majorité des sujets ont une inégalité des membres inférieurs qui, lorsqu'elle est conséquente, provoque chez les cyclistes un déhanchement lors du pédalage. Il est remarquable de constater pour ceux qui ont souvent des lésions périnéales, que celles-ci apparaissent fréquemment du même côté qui est, la plupart du temps, celui de la jambe la plus courte.
b) Tubérosités ischiatiques
Lors du pédalage, toutes les parties molles situées entre les deux ischions, le coccyx en arrière et le pubis en avant, sont plus ou moins comprimées. La pression s'exerce surtout sur les divers organes qui entrent dans la composition du périnée: peau, muscles, vaisseaux, nerfs, anus, canal de l'urètre chez l'homme, vulve chez la femme. Cette action est très variable d'une personne à l'autre, suivant l'épaisseur des parties molles et leur consistance due à la présence plus ou moins grande de tissu graisseux et à l'importance des muscles fessiers, suivant aussi l'écartement des tubérosités ischiatiques par lesquelles le corps du cycliste s'appuie sur la selle.
Lorsqu'on prend place sur une selle de course, les deux « moitiés » de celle-ci serrées entre les muscles adducteurs, se rapprochent à la manière d'un livre que l'on ferme. La selle, devenue étroite, saillante, tend à repousser le périnée vers l'intérieur du bassin. Cette région très sensible est, alors, prise « en sandwich » à l'extérieur par la selle et à l'intérieur par la face interne des ischions (tubérosités ischiatiques).
Compte tenu de ce qui précède, la configuration du bassin va jouer un rôle non négligeable dans l'irritation du périnée par la selle.
Plus l'intervalle entre les deux ischions est petit, moins la selle peut repousser vers la profondeur les parties molles, plus cet intervalle est grand, plus la compression doit s'exercer facilernent entre la face interne des ischions. Les femmes sont nettement désavantagées, puisque chez elles le bassin est plus large que chez l'homme et, par conséquent, les tubérosités , ischiatiques plus éloignées l'une de l'autre, favorisant ainsi la compression du périnée. Cette configuration anatomique différente nécessite un « siège » particulier pour chaque sexe. La partie postérieure de la selle pour femme doit être plus large que pour l'homme.

Certains bassins présentent des anomalies morphologiques responsables d'indurations :
- tubérosité ischiatique plus développée d'un côté, provoquant une pression supérieure sur cet os hypertrophié.
- tubérosité ischiatique « pointue » ou « bombée »
- tubérosités ischiatiques très écartées.
 
> PRISE DE CONTACT SELLE-PERINEE TROP RAPIDE ET PROLONGEE
Certains cyclistes, trop impatients de reprendre leur bicyclette et d'accumuler les kilomètres en début de saison après avoir arrêté de nombreuses semaines, sollicitent anormalement cette région très sensible. Il faut progressivement « habituer » le périnée au contact prolongé de la selle, surtout:
- chez le néophyte,
- au début de la reprise de l'entrainenement après une longue interruption,
- au moment des vacances. La plupart des pratiquants passent d'une sortie hebdomadaire à une sortie quotidienne. Il est préférable de laisser le périnée au repos 24 heures entre chaque randonnée.

> MAUVAISE HYGIENE DU PERINEE
La peau est recouverte d'un « film » cutané superficiel, constitué d'une fine émulsion dont le pH acide varie entre 4 et 5,6 et qui réalise une action protectrice à l'égard des champignons et des germes cutanés. Elle les empêche surtout de se développer.
Différentes causes sont responsables de l'augmentation de pH :
-irritation de la peau par plaies multiples,
- utilisation de certains produits plus ou moins corrosifs incorporés dans les crèmes de massage,
- frottement de la selle.
Ainsi, on risque de voir s'installer une lésion périnéale qui peut, secondairement, s'infecter assez rapidement si on néglige de la traiter dès son apparition.
La prévention consiste avant et après la randonnée, la course ou la sortie d'entrainement :
- en des soins de toilette méticuleux, à l'aide de savons neutres ou à pH acide à l'eau tiède.