Rappel anatomique succint
Au niveau du poignet le n.median se divise en 5 branches terminales: voir Figure 5
 
La première branche ou branche thenarienne. C'est la plus importante. Comme son nom l'indique elle innerve les muscles de l'eminence thenar (court abducteur, opposant et court flechisseur du pouce)
La 2 ème branche ou nerf collateral palmaire externe du pouce.
La 3 ème branche donne le nerf collat. palmaire int. du pouce et le nerf collat. palmaire ext de l'index.
Les 4 ème et 5 ème branches donnent egalement des nerfs collat. palmaire int et ext de chaque doigt jusqu'au 5 ème doigt
 
Trajet du median à la face palmaire main Trajet du median à la face dorsale main
  Trajet du nerf median (en jaune) sous le ligament annulaire anterieur du carpe ouvert en deux parties( face palmaire ).

Clinique
Certains phénomènes désagréables restent encore d'origine mystérieuse dans le milieu cycliste. Ainsi, en est-il du fourmillement douloureux des mains.
Il s'agit de sensations de picotements, de fourmillements, d'engourdissements, parfois d'impression de brûlures ou de courant électrique apparaissant au niveau des doigts. (dysesthesies, paresthesies).
Le délai d'apparition au cours de la randonnée est variable mais, en général, les phénomènes survenant au bout de quelques heures, sont d'intensité également variable avec tous les intermédiaires entre les simples engourdissements et les douleurs parfois intolérables avec « coups d'électricité ». Dans certains cas, il peut s'y associer une gêne de la main avec impression de lourdeur, de perte de force musculaire et maladresse pouvant aller jusquau lâcher des objets. Le cycliste recourt, alors, à de petits moyens : se secouer les mains, faire des moulinets avec les bras, voire parfois s'arrêter, se reposer. Il voit ainsi, assez rapidement, disparaître ou s'atténuer les phénomènes, mais bien souvent constate leur réapparition dès qu'il remonte en selle. Dans la plupart des cas, tout disparaît à la maison. Encore que certains peuvent voir persister ces picotements quelques nuits.
 
Mécanisme
On incrimine, le plus souvent et à tort des troubles circulatoires. Il faut cependant, bien distinguer ce mal du phénomène des doigts morts, dû au froid. Les « fourmillements » n'ont pas une prédilection particulière pour la mauvaise saison et peuvent survenir en toute circonstance.
L'atteinte des trois premiers doigts au cours du cyclisme est la conséquence de la compression de l'irritation du tronc du nerf médian au niveau du poignet par une mauvaise position de ce dernier sur le cintre et, surtout, par la prolongation de cette position au-delà d'une certaine durée, variable pour chacun.
 
Compression du nerf median par le guidon
  Compression du nerf median par le guidon
 
Pour bien comprendre, il est nécessaire « d'ouvrir » la zone concernée. Une coupe transversale, schématique, du poignet permet de constater qu'il existe un plafond osseux composé des petits os du carpe et un plancher fibreux ou ligament annulaire du carpe.).
Canal carpien osteofibreux
  Canal carpien osteofibreux
 
Ces limites rigides réalisent un défilé ou canal carpien dans lequel coulissent les différents tendons fléchisseurs des doigts dans leurs gaines. Comme on peut le constater, par sa position relativement superficielle, le nerf médian est tout particulièrement exposé aux compressions prolongées dans la pratique du cyclisme (mains en haut du cintre, avec poignet plié en extension, mains aux cocottes avec appui sur le cintre) .
Les artères et les veines ne sont pas directement impliquées dans ce conflit, de par leur trajet plus en profondeur. il est donc évident que les conditions de compression de ce tronc nerveux sont bien souvent réunies dans la pratique du cyclisme, en raison de la position des mains sur le cintre.
Encore que cette compression peut être indirecte par simple hyperextension prolongée de la main sur l'avant-bras.
 
Hyperextension du nerf median
  Hyperextension du nerf median
 
Il est ainsi facile d'admettre aussi que cetaines particularités du poignet faciliteront la compression du nerf médian : déformations de la voûte osseuse, séquelles de luxation ou de fracture du poignet, épaisseur anormale du ligament annulaire du carpe ou des gaines tendineuses intracanalaires, plus simplement canal carpien congénitalement étroit, rhumatismes, etc...
Cependant, dans la mesure où le nombre des cyclistes touchés est infime par rapport à la masse des pratiquants, on doit admettre qu'il persiste plusieurs inconnues et que la position des mains sur le guidon n'est pas la seule cause de ce désagrément somme toute bénin.

Evolution
 
Bonne position des mains
  Bonne position des mains sur le guidon
 
 
Dans l'atteinte spécifique du cycliste, il n'y a pas véritablement de perte de force musculaire, ni de fonte des masses musculaires de la main. Elle ne témoigne que d'une compression relativement modérée du tronc nerveux et de ce fait, peut parfaitement disparaîÎtre en quelques heures sans laisser de séquelles.
Pour prévenir les récidives, les remèdes à apporter sont très simples:
Eviter l'appui prolongé du poignet en regard du canal carpien sur le cintre, en modifiant éventuellement une mauvaise position
Utiliser des gants avec large protection de la paume par un petit matelas capitonné réalisant en quelque sorte un amortisseur. (Sorbothane).
Eventuellement garnir le cintre de mousse protectrice comme sur les cycles britanniques ou américains. Pour les longs raids, on doit utiliser, en priorité, un guidon trois positions, lequel permet de limiter alternativement la tension musculaire en adoptant au choix, suivant son humeur et le profil du parcours : mains aux cocottes, sur le devant du guidon coudes écartés, en bas du cintre.